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Jacques Harthong

Posted on février 15, 2010 in Food-for-thought

Dans les années 90, j'avais échangé quelques emails avec Jacques Harthong, un physicien-mathématicien de Strasbourg, pour le convaincre de mettre en libre accès son livre Probabilités et Statistiques : de l'intuition aux applications. Ce ne fût pas difficile car il était, encore plus que moi, indigné contre les éditeurs qui exploitent le travail des scientifiques. Par contre, il était très sceptique sur le web1, et sur l'évolution du monde de la recherche en général.

Bien que ne le connaissant essentiellement que par ses écrits, j'ai appris avec tristesse son décès dans les années 2000. Dans une nécrologie, Sylvain Leclerc écrivait :

Pourfendeur du système universitaire, Jacques Harthong déplorait la massification des publications scientifiques et la domination du carriérisme au détriment de la quête du réel. Descendant de Diogène, il se voulait Cynique au sens philosophique du terme, exigeant mais respectueux, lucide mais toujours constructif. Ceux qui eurent la chance de s'entretenir avec lui, savent à quel point son analyse de notre monde était poussée. Être chaleureux, sa porte était toujours ouverte. Disponible pour les étudiants, prêt à débattre, il participait à la vie de la collectivité même si certains le considéraient comme marginal.

J'essaie de m'imaginer ce qu'il aurait dit en levant les bras au ciel : "Hah ! Les biographies post-mortem, c'est des conneries ! Un concentré d'hypocrisie !"

J'aurais bien aimé le rencontrer...

On peut dire qu'il avait une vision très désabusée du système de recherche universitaire, mais je crois qu'il aurait préféré "lucide" ("La liberté, c'est de ne pas être dupe"). Grâce à archive.org, ses écrits restent :

https://web.archive.org/web/20130521084642/http://moire4.u-strasbg.fr/JHideas.htm

(A ne pas lire si vous êtes déprimé; à lire sans retenue sinon)


[1]: "Il est d'ailleurs assez probable que cette page ne soit jamais lue par personne: ce serait alors la cachette absolue. Cela correspondrait tout à fait à ce que je constate depuis que j'expérimente le W.W.W. : la profusion des sites et des informations de toutes sortes conduisant à leur insignifiance, placer quelque chose dans cette bibliothèque de Babel est le meilleur moyen de le cacher. On savait que symétriquement, le meilleur moyen de faire lire un poème par un maximum de gens était d'être prisonnier du Goulag et de le faire circuler parmi les autres zeks." (https://web.archive.org/web/20070921155058/http://moire4.u-strasbg.fr:80/ideas/fracc.htm)